Témoignage Thomas Granjon – La Fourmilière Espace partagé en Trièves

Réunion TLA – 22 novembre 2016 / Intervention de Thomas GRANJON


Présentation du tiers-lieu d’activités : La Fourmilière – Monestier de Clermont

Phase projet – création du lieu

Comment vous est venue l’idée de créer un « tiers-lieu » ? (genèse du projet)

Thomas Granjon
Thomas Granjon

Il s’agit d’un territoire rural avec 2/3 des actifs agriculteurs ou artisans et environ la moitié qui se déplacent pour travailler sur le périmètre de l’agglomération grenobloise.

A l’origine du projet trois personnes qui se connaissent et travaillent seules chez elles partagent un sentiment d’épuisement lié à cet isolement professionnel et décident de monter un projet collectif.

Quelles personnes ont pris part au projet ? (profils – besoins)

Espace partagé La Fourmillière
La Fourmilière

Un noyau de 10 personnes se forme à partir des initiateurs par le bouche à oreille et un appel à manifestation d’intérêt dans le journal local. Ces personnes sont toutes en situation d’isolement professionnel (indépendant, télétravailleur, autoentrepreneur). Leur objectif est de créer un espace de travail partagé pouvant répondre à leur besoin de rompre cet isolement.

Avez-vous constitué un Collectif de départ ?
Quels acteurs ont été impliqués ou sollicités pour ce projet et dans quel objectif ?

Plan La Fourmillière
Plan de l’espace

Il est décidé de monter une association qui a deux objets :

  • Trouver un local et créer un espace de travail partagé pour les personnes en urgence sociale face à leur isolement professionnel (situations fragiles le plus souvent de démarrage d’activités)
  • Réfléchir sur les nouvelles formes de travail et leur lien avec le développement économique du territoire, les synergies potentielles, etc.

Quelles ont été les différentes étapes ?
Si c’était à refaire, est-ce que vous procéderiez de la même façon ?

Phase 1 : partage des constats, des besoins, des difficultés (vie personnelle/vie professionnelle)

  • qu’est-ce que viendront chercher les utilisateurs dans cet espace ?

Phase 2 : imagination du fonctionnement, de l’aménagement de l’espace, de l’utilisation du tél. etc.

  • 4-5 mois de réflexion pour trouver les solutions aux problématiques opérationnelles

Phase 3 : recherche de locaux (avec faible pression financière vs. fragilité économique des acteurs)

  • Difficulté principale pour trouver du soutien et le local (cf. ci-dessous)

Au total ces phases de montage du projet se sont déroulées sur 6 mois ce qui est très rapide.

Espace partagé La Fourmillière
Vue de l’espace

Phase 4 : Installation dans le local d’une boutique de commerce équitable qui capote

  • Installation avril 2015 – Ouverture 18 juin 2015 – démarrage réel en septembre 2015

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?

La difficulté principale a été d’aboutir dans la recherche du local.

Les Mairies sollicitées pour partager l’usage de leurs locaux n’ont pas répondu positivement à l’exception de la Mairie de Roissard (projet avec travaux incompatible avec le calendrier du projet).

La communauté de communes n’a pas voulu soutenir le projet dans un premier temps.

C’est finalement la Région Rhône-Alpes qui a été intéressée et qui a proposé de prendre à sa charge le surcoût d’un local professionnel ayant pignon sur rue à Monestier de Clermont.

Elle a également financé l’achat de matériel. La communauté de commune également.

Quels enseignements et conseils pour des porteurs de projet ?

Quelles sont les grandes lignes de votre modèle économique ?

La fourmilière regroupe des profils professionnels variés : logiciel, journalisme, herboristerie, communication, etc. Les 2/3 sont des indépendants et 1/3 des salariés en télétravail (mais peu encore du bassin grenoblois). Les 3/4 sont des femmes.

Actuellement il y a un réseau de 20 personnes dont 10 réguliers et en moyenne 5 utilisateurs par jour dans l’espace partagé.

Le loyer des participants et l’investissement de départ des fondateurs couvrent le budget de fonctionnement qui est à l’équilibre au bout d’une année de fonctionnement.

Le budget annuel est de 15 K€. La Région apporte 4500 euros et la ComCom 1000 euros.

Les utilisateurs ont investi entre 50 euros et 2000 euros chacun.

Un utilisateur pour 1 jour par semaine règle 30€ par mois.

Un tarif solidaire  de 30€ par mois pour une utilisation à volonté a été mis en place pour répondre aux situations les plus fragiles (il est activé à la demande de façon temporaire).

Phase post – création / Gestion et vie du lieu

Comment êtes-vous organisés ? (permanence, gestion, animation)

Il n’y a pas de personne dédiée à l’animation. La gestion du lieu est partagée par les utilisateurs pour répondre à leurs besoins. C’est un point très positif mais qui a posé problème vis-à-vis des conditions de financement et de soutien par la Région.

Quelles sont les difficultés rencontrées ? Les besoins actuels ?

  • Difficultés liées au remplissage pour faire face au renouvellement en période d’occupation basse.
  • Équilibre à trouver pour mieux accompagner les entreprises pour le télétravail de leurs salariés (pour l’instant il y a eu une communication grand public mais pas de communication en direction des professionnels) : actuellement pour les salariés en télétravail, dans une première phase ce sont eux qui supportent le coût d’inscription (inférieur à leur coût de déplacement/trajets), puis dans une seconde phase l’employeur mesure le bénéfice qu’il en tire et prend le relais.
  • Difficulté de définir l’identité du lieu : ne pas se laisser entrainer dans un rôle d’accompagnement économique du territoire (ni le temps ni les compétences) ou de développement de l’ESS.
    Faut-il définir plus précisément l’identité de cet espace et comment le faire ?
  • Posture collective sans un animateur porteur difficile à faire reconnaitre par les collectivités.

Quelles sont les bonnes pratiques que vous pourriez partager ?

  • Transfert de compétences interne au groupe (formel et informel), synergies.
  • « Formation » comptabilité 1 jour par mois.
  • Accompagnement tutorat des nouveaux entrants : les aider à se projeter dans un nouveau fonctionnement professionnel (ils viennent le plus souvent d’un travail à domicile).
  • Le tarif solidaire mis en place (cf. plus haut).

Pensez-vous pertinent d’envisager un réseau de Tiers-Lieux d’activités ? Comment et Pourquoi ?

Accompagnement et partage sollicité par d’autres lieux en Trièves (Mens, Clelles)  ou Vercors.